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26 mars 2006

1848

On ne s’est jamais connues.

A corps perdu, cœur parti.

A croire que la violence et la haine sont vraiment engendrées par l’amour. A croire que j’aurais du écouter Yoda avant. Mais Jeudi, à l’amour je ne pensais plus, quand sauver ma peau était le seul mot. Je voudrais hurler, pleurer et déchirer. La mémoire, les mots et notre histoire. Alors je me bats, contre elle, contre moi et contre ces connards qui croient que si on est en grève générale on en oublie d’être en rêve général, aussi. Je suis V et C dans les manifs et je voudrais tout vous raconter. Comment C et moi formons un joli couple de voleuses de cadi au liddle, comment ses yeux doux et mes mots embobinent, comment on rit parce que « Camille putain tu sais même pas conduire un cadi ». Sur le vieux port, l’alcool blanc d’ici brûle déjà notre gorge et nous motive. On crie, on chante et on avance. Je cours après V pour récupérer la bouteille, je garde les affaires de la fille des années soixante dix qui se perd dans tous ces gens. On continue coûte que coûte. J’ai l’impression d’avoir tout oublier. On marchait jusqu’aux grands escaliers de la gare. Kitch et mon cœur explose. On crie, on s’assoit et la fumée nous assaille. Les gens courent, les bleus descendent « CRS SS » et nous restons, un poignée fermement, à éviter toute cette fumée. Mais nous sommes trop peu nombreux pour ne plus reculer. Je cours. Je tombe. Je sens qu’encore c’est la tête qui a frappé, je reste au sol. Là je voudrais crever. Ma tête, oui ma tête. Ca résonne, le grand boum. Elle me choppe par le bras et me tire vers le mur. Les flics en civile nous bousculent. « putain tu saignes » En effet, j’avais les mains et la tête ensanglantées. Je suis ensanglantée. Connards ! La haine des flics, la rage, je vais tous vous buter, enculés. Je n’ai jamais été aussi vulgaire. Elle me soigne. Et on continue, on rejoint le cortège qui s’est replié de l’autre coté. Je suis sonnée encore, mais je ne sens pas trop la douleur. Merci au pastaga. Elle m’attrape la main. On forme une chaîne. On avance à reculons. Sur le vieux port, encore des affrontements. Je suis encore la première à gueuler. Je craque, je crois, que je voudrais y passer. A tabac. Mes doigts sentent encore. J’entends à l’autre bout du fil qu’elle s’inquiète. Je m’endors sur la fille des années soixante dix. Léo est en colère. Je crois qu’il a eu peur. Je crois que je leur fais peur. Léo, que je n’avais jamais entendu énervé, l’est, et beaucoup. Putain, je suis sidérée. Moi pendant ce temps là, j’avais la poche du sac ouverte et les deux billets de train pour Paris dedans. Ouf encore là. On court, alors que la fumée encore. Et y’en a marre de ces guignols ! On chante même ma chanson. Enculés ! Ma voix est parti, comme mon cœur. Et pourtant, je gueule encore, je l’aime toujours. Mais c’est loin derrière moi, maintenant. Apres tout ça, on est crevés. Tous ensemble, on se rejoint devant le lycée, pour s’organiser. Un vote à bulletin secret est prévu pour le lendemain. Et si le blocus ne devait pas continuer. Moi j’ai bien trop besoin de cette lutte pour abandonner. Alors vendredi matin, encore de bonne heure, après la voix du gamin dans mon téléphone qui m’engueule, qui me console et qui m’endort, je me retrouve devant le lycée, encore un temps bloqué, je vais voter, avant de retrouver des gens qui me font déjà boire et fumer. Calimucho, cali ice tea. J’adore ça, surtout lorsqu’on fait des jeux à la con pour gagner le bédo ou la bouteille “qui connaît la hauteur de la tour Eiffel” “moi”. On joue aux cartes, encore, toujours, on boit beaucoup quand même. C est trésorière, je suis responsable d’animation. Avec la piaf évidemment. Et puis je ne me souviens plus trop. Ah, j’ai oublié que jeudi, nous sommes allés chez V avec C et M. Les gens des années soixante dix en sommes. Il manquait le punk. Oui vous n’y comprenez rien, hein. Parce qu’elle, c’est une vraie hippie, parce que V c’est juste un bassiste lillois, qu’Éric c’est un punk qui joue de la batterie y naudible rock n’ roll et M c’est celui qui a la voix d’Elvis. Ouais. Ils ont tout renversé les deux garçons, pendant qu’on se foutait de leur gueule. Parfois elle a un air triste et je me retiens de la prendre dans mes bras. On a mangé des raviolis à 18h pendant qu’ils. Ahah. Après elle a attrapé le bus pour moi. Revenons à vendredi, je ne sais plus. On était bourrés, on rigolait et le beau R… trop drôle. On était 6 à aller à la fac. Une sorte d’AG. Encore. Et puis. Je ne sais plus. Vraiment plus.  Le soir, après avoir fait une pause dans l’appart’ prolétaire « prolétaires de tous les pays, unissez vous » on est sorti dans les rues. Je me suis battue, avec cette fille qui parle trop, très prétentieuse, qui se met en avant et je me demandais qui je frappais avant de calmement lui parler. Je voulais juste frapper. "Camille, elle veut se battre". Notre révolution de nuit se fait dans le quartier. Jusqu’au jardin. Je repense au 14 janvier. J’en crèverais. On part se coucher à 4h, deux heures plus tard, le réveil sonne et la piaf me réveille. Encore une matinée devant le lycée. Il fait gris, il pleut, comme sur les joues de C. Je voudrais bien la consoler mais je sais pertinemment que je ne peux pas. Je laisse son prof de philo s’en chargeait. J’ai laissé mon portable. Encore. J’en veux plus. Léo est en Allemagne et Elle. Qu’elle aille se faire foutre. On prépare notre mission. K me tire les cartes. J’y crois presque pas et pourtant. Tellement de choses ressortent. « Une fille brune, avec quelqu’un extrêmement possessive, jalouse et un brun qui est loin, mais qui fera des démarches, ta mère va rencontrer quelqu’un, ton père va mal et le travail, il n’y a que du trèfle tu vas passer en terminale la brune, la brune, ça a été fort et pourtant. » Le reste j’ai oublié, tant j’étais troublée. On retourne se coucher. Je serre fort C, je lui dis que je suis là, même si ça sert pas. Elle me dit que je serais toujours à tarbes. Je lui réponds que je n’ai plus le droit. Le train s’arrêtera à Toulouse à présent et le train va à Paris dans quelques temps. Trois heures de sommeil avant de. Notre arme sera la peinture. Je ne peux en dire plus. Mais peut être bien que mardi sera grandiose. La guerre est ouverte.

Il me semble que le drame romantique se déroule en 1848, il me semble que je le vis comme tel, la révolution et mon amour littéraire, je m’y perds. Je mourais à la guerre, comme ton amour. Avec lui, contre lui. En vers et contre vous, je vous écris partout.

Au revoir.

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Commentaires
P
Jolie note ... toujours cet alcool qui me déougte, m'enfin ...<br /> La cégète ne veut pas d'une grève générale, elle ne fait que freiner des quatres fers et repousser encore et toujours. (FO par contre la veut.)<br /> Demain sera grandiose [espérons-le] !
V
Dites, ça s'effondre pas encore chez vous ? Ca tient encore un peu debout ? Les étudiants commencent à lacher dans plusieurs facs, les lycées s'amusent comme des petits fous, la CGT veut une grève générale, nationnale, reporté chaque jour. <br /> Et puis on en oublierait presque le reste, et puis quand on se rappelle y a toujours une bouteille à finir.
B
J'aime beaucoup cette note... C'est un peu ça l'illusion lyrique de 48... Fais ta propre révolution mamzelle, mardi sera grandiose.<br /> Bisou
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